Depuis l’alerte donnée le 5 décembre par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), à la suite d’une étude montrant une surmortalité notable chez des patients dialysés avec un liquide contenant du citrate, rendue publique par Le Monde, les investigations se poursuivent. C’est ce qu’a sobrement fait savoir l’ANSM dans un communiqué, mardi 29 janvier, après une réunion cinq jours auparavant.

Rappel des faits. L’ANSM a lancé début décembre une enquête visant à repérer d’éventuels effets indésirables survenant au cours et après une séance de dialyse, et à mesurer les changements de pratiques.

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Tout commence le 3 octobre 2018. Le docteur Lucile Mercadal (Inserm et hôpital de la Pitié-Salpêtrière) présente lors d’un congrès une étude indiquant que les patients traités par un liquide de dialyse (ou dialysat) au citrate présenteraient une surmortalité de 40 % par rapport à ceux traités avec d’autres produits plus anciens, à l’acétate ou à l’acide chlorhydrique.

Cette surmortalité aurait essentiellement une origine cardiovasculaire. Ces travaux montraient qu’avec 17 % de personnes exposées, à la fin de l’étude, soit environ 9 000 sujets, alors que le taux de mortalité atteint environ 10 % pour les personnes dialysées, le taux de mortalité atteignait 14 % pour les personnes exposées au dialysat au citrate, soit 1 260 décès. Ce qui représente 360 décès annuels en plus.

Les investigations se poursuivent

Lors de la dernière réunion, le 24 janvier, à l’ANSM, Lucile Mercadal, qui fait état de tentatives d’intimidation, a présenté des éléments de complément à son étude. Elle a utilisé plusieurs modèles statistiques, qui évaluent le risque de surmortalité entre 12 % et 38 %. Le surrisque reste donc significatif. L’étude confirme aussi que le dialysat à l’acide chlorhydrique reste bénéfique. Le dialysat au citrate pourrait également être à l’origine de crampes incoercibles, selon plusieurs études cliniques.

Parallèlement, l’Agence de la biomédecine a présenté une analyse effectuée à partir du registre REIN (réseau épidémiologie et information en néphrologie) sur l’évolution de la mortalité globale chez les patients hémodialysés de 2010 à 2017. « Cette analyse ne montre pas d’augmentation de la mortalité sur la période d’analyse, et notamment depuis l’utilisation par les centres de dialyse de dialysats au citrate », mentionne le communiqué de l’ANSM. Contactées par l’agence, les autorités européennes et l’Agence des produits alimentaires et des médicaments américaine (FDA) n’ont pas fait part d’un signal particulier.