Les dessous de la pénurie de médicaments
Par Thuy-Diep Nguyen le 29.10.2018 à 18h35, Challenges
” Oui, les problèmes d’approvisionnement en médicaments sont de plus en plus nombreux,” confirme Philippe Gaertner, le président de la Fédération des pharmaciens d’officine (FSPF), alors que médias et associations de malades tirent la sonnette d’alarme. La faute à la quête éternelle de productivité des laboratoires. Et un vrai questionnement sur l’accès aux soins pour le malade. Interview.

AFP/ARCHIVES – STEPHANE DE SAKUTIN
Faut-il s’inquiéter d’une pénurie de médicaments en France ?
L’inquiétude monte après la publication ce matin par Le Parisien du « cri d’alerte » des associations de malades de Parkinson et des neurologues sur les problèmes d’approvisionnement de certains traitements, assorti d’une enquête pointant une flopée d’autres pathologies touchées par la pénurie, voire des ruptures d’approvisionnement.
La rupture, c’est l’incapacité pour une officine ou pharmacie d’un établissement de santé de livrer à un patient un médicament dans les 72 heures. Vaccins, antibiotiques, médicaments pour réguler la tension, contraceptifs… l’an dernier, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a reçu 530 signalements de rupture de stocks ou de difficulté d’approvisionnement pour des traitements considérés comme essentiels.
Dans la foulée de la parution de ce matin, le LEEM, le syndicat des industriels, directement pointés du doigt par l’enquête du Parisien, a finalement reconnu par voie de communiqué que « l’augmentation des ruptures d’approvisionnement est une réalité, en France, comme à l’étranger. » Et appelé à son tour, à une « concertation approfondie » sur toute la chaîne du médicament. Au passage, l’instance des laboratoires s’appuie sur les propositions du rapport remis au Sénat sur le sujet fin septembre pour plaider – très habilement – sa cause : relocalisation en Europe de la production de matières premières stratégiques, développement de conditionnement multi pays pour faciliter la circulation intra-européenne des boîtes de médicaments, harmonisation de certaines règles européennes, tel le calendrier des vaccins, ou encore la révision à la hausse des prix de certains médicaments qui sont inférieurs aux coûts de production…
« Le Leem s’engagera aux côtés des pouvoirs publics pour mettre en place un plan d’action partagé avec l’ensemble des parties prenantes afin d’apporter des réponses concrètes aux ruptures d’approvisionnements, » promet Philippe Tcheng, le tout nouveau président du Leem et pointure de Sanofi.